mercredi 3 septembre 2014

L'habitat partagé : c'est-à-dire ?

Je veux aujourd'hui vous parler d'un projet auquel je participe : l’habitat partagé.
Il s’agit de s’associer, en quelque sorte, afin de vivre dans un lieu où chacun pourrait mutualiser ses compétences, tout en vivant de façon indépendante. Pour en savoir davantage, j’ai décidé d’assister à une réunion de l’association qui cherche à monter ce projet. La réunion doit avoir lieu chez Mathieu et Violette qui souhaiteraient accueillir d’autres personnes sur leur lieu d’habitation, trop grand et trop coûteux pour leurs seuls besoins. Ce sera l’occasion de découvrir le potentiel de cet endroit et de partager un bon repas:-)

Je me rends donc à cette réunion sans aucune idée précise de ce qui m’attend. Toutefois, je me dis que l’échange sera forcément intéressant, car les personnes concernées par ce type de projet partagent forcément une partie des valeurs qui me sont essentielles.

Rendez-vous à l’arrêt de bus sur la place du village.

Je me fais l’effet d’une lycéenne attendant son bus scolaire, les rides en plus...  

Black-and-white, Dress, Girl, Sitting, Tiles, Waiting

Deux hommes s’approchent soudain :
-    vous êtes Emmanuelle ?
Deux hommes à l’âge indéfinissable ( je n’ai jamais été douée pour ce type d’estimation) m’encadrent et nous rejoignons, un peu gênés, un peu timides comme des adolescents, le fourgon aux trois places à l’avant, ça tombe bien.

Très rapidement, le tutoiement est de mise. Le conducteur, Philippe, fait tout ce qu’il peut afin d’éviter de me toucher le genou en passant la vitesse, exercice rendu difficile par la promiscuité... Je me sens assez à l’aise (malgré tout) et nous ne tardons pas à arriver aux abords d’une propriété habitée par un couple de trentenaires et leurs trois enfants. L’accueil est d’emblée chaleureux. Nous sommes les premiers.

La demeure est vaste, 600 m2 sur un peu plus d’un hectare. Toutefois, les trois quarts des bâtiments sont quasiment en ruines. Je ne sais pas encore vraiment à quoi m’attendre, alors j’adopte une attitude d’écoute et d’observation. Peu à peu, les autres invités/membres nous rejoignent. Je suis nettement moins à l’aise, car je m’identifie à présent à un cheveu sur la soupe... Chacun sait de quoi il parle, évoque des institutions de la région, certes intéressantes, mais qui me sont inconnues.

Le déjeuner commence et, invariablement, une personne s’étonne de mon appétit de colibris... Je détourne la conversation, consciente d’être un peu différente, d’être un peu trop silencieuse, mais je ne suis pas en mesure pour le moment de m’extérioriser davantage. Finalement, avant le fromage et le dessert, une visite des lieux se décide.  

Quand même pas, mais presque !

Ma première impression se confirme : les bâtiments offrent un beau potentiel à condition d’investir beaucoup d’argent et de temps, or, je n’ai ni l’un, ni l’autre, en tout cas, pas pour ce genre de chose. Ayant déjà été propriétaire de 3 maisons à rénover, je me suis promise de ne plus JAMAIS consacrer mon énergie, mes
maigres finances et mon temps à ce type de projet. Cela ne me correspond plus.

Je commence donc à sérieusement me dire que je perds mon temps et que je me suis une fois de plus fourvoyée. Mes réflexions intérieures conditionnent sûrement mon attitude extérieure, ce qui a pour conséquence de me retrouver un peu isolée du groupe. Enfin, vient le moment du fromage que je refuse, m’excluant encore une fois de l’attitude générale, mais je sais que je vais me rattraper sur les gourmandises sucrées qui se font trop attendre à mon goût :-) Puis, François qui anime le groupe et m’a emmenée, prend la parole et demande à chacun de parler de ses attentes concernant le projet d’habitat partagé.

À partir de cet instant, tout change, pour moi.

Chacun en effet parle de ses rêves, de ses désirs et ainsi en dit plus sur lui-même qu’à l’occasion de n’importe quelle présentation plus classique. Moi qui ne me sentais pas vraiment à ma place (vous l’aurez compris!), je découvre avec grand plaisir à quel point finalement nous sommes tous proches les uns des autres.

L’envie de participer à un monde plus solidaire, plus constructif et ouvert. Le besoin de partager, d’offrir, de vivre une aventure humaine collective. La nécessité de pouvoir néanmoins se retrouver seul avec soi-même, en-dehors du groupe. Les parcours sont différents, mais les valeurs sont les mêmes. Je me sens parfaitement bien maintenant et curieuse de chacun.

Quand vient mon tour...


J’ai parfaitement conscience que les autres attendent depuis le début de cette réunion que je prenne la parole, puisque je suis la seule nouvelle du groupe et qu’ils ne connaissent encore rien de moi... D’aucuns ont bien essayé de me questionner sur mon lieu d’habitation, mais je suis restée évasive (et pour cause!), ce qui les a quelque peu refroidis à mon égard.

Rassurée par ce que je viens d’entendre, je me sens en confiance parmi ces gens tolérants, ouverts et forts de leur expérience de vie, alors je me lâche ! Je crois que mon attitude introvertie donnait, comme souvent, l’impression d’une certaine froideur. Ils comprennent que ce n’est qu’une impression et que nous cheminons dans la même direction. L’atmosphère est détendue, le café est le bienvenu, sauf pour moi qui préfère une infusion de feuilles de sauge-ananas absolument délicieuse. Mathieu se met donc au fourneau pour préparer, exclusivement pour moi, cette tisane. Encore dissidente donc, mais cette fois, vite rejointe par la majorité, curieuse finalement de découvrir ce breuvage offert par nos hôtes.

L’heure tourne et nous avons conscience qu’aucun d’entre nous ne souhaite attendre la saint glinglin avant de concrétiser ce projet. Il nous faut donc essayer d’être plus efficaces que lors de cette, certes, belle après-midi, qui s’est avérée cependant trop peu constructive. Rendez-vous est pris dans 3 semaines. Ce laps de temps donnera l’occasion à l’un d’entre nous de rechercher d’éventuels terrains plus appropriés à notre démarche. Toutefois, la réunion ne prend toujours pas fin, heureux que nous sommes d’échanger sur nos envies communes... Or, je suis déjà très en retard pour aller chercher mon fils.

Qu’à cela ne tienne, la femme de François me propose sans hésitation de me prêter sa voiture afin de me permettre de partir plus tôt. Touchée par sa confiance (n’oublions pas que j’ai la main droite toujours immobilisée :-)), j’accepte avec quelque appréhension  l’idée de conduire une petite twingo.

Eh oui, cela fait longtemps à présent que je n’ai conduit un véhicule si léger ! Pour faire court, j’ai l’impression dans chaque virage que je vais aller rejoindre les vaches dans les champs alentour, tant la voiture semble s’apparenter pour moi à une boîte d’allumettes ! J’arrive néanmoins sans encombre à destination et reprends ma casquette de maman, la tête pleine de sourires et de rêves.

Je vous informerai de la suite des événements dès que la prochaine réunion aura eu lieu. En attendant, prenez soin de vous :-)

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